Affiche Provo.
Charlie Hebdo, 1995.

 

INTERVIEW L’ŒIL ÉLECTRIQUE n° 17
L’Œil Électrique : Quel parcours vous a amené à être dessinateur et à choisir la France pour vivre et travailler ?
Willem : J’ai toujours aimé le dessin de presse. Chez nous à la maison, il y avait des livres de dessins, j’adorais ça et bon, ça me paraissait être une agréable façon de gagner sa vie.

L’Œil Électrique : D’autres gens dessinaient dans votre famille ?
Willem : Non. Tout le monde faisait quelque chose que je n’étais pas capable de faire, donc j’ai choisi le dessin. Plus tard, j’ai fait des cartoons, j’ai essayé de les placer pour gagner un peu d’argent de poche, quand j’étais au service militaire pour payer ma bière… Ça marchait moyennement, puis de moins en moins : les idées étaient de plus en plus bizarres, de plus en plus influencées par Siné, dont j’avais découvert les travaux dans Siné massacre… Pour moi c’était la Bible. Après avoir travaillé à Amsterdam dans un bimensuel pendant un an, comme je le fais aujourd’hui dans Libération, je suis venu en France.

L’Œil Électrique : Pour voyager ou pour vous installer directement ?
Willem : Pour essayer, pour l’aventure, c’était 68… Siné m’a demandé de travailler pour son journal L’Enragé. J’ai envoyé quelques dessins qu’il a publiés tout de suite. Donc je me suis dit :
« Bon, je vais là-bas, c’est marrant. »

L’Œil Électrique : Vous dites que Siné massacre était votre Bible…
Willem : Ça m’a donné une idée de ce qu’on pouvait faire avec le dessin d’humour. Dans le premier numéro, Siné dessinait tout tout seul et puis, dans les numéros suivants, il invitait d’autres gens.

L’Œil Électrique : Les couvertures font vraiment penser aux Charlie Hebdo de maintenant…
Willem : Oui, c’est repiqué… Enfin non, c’est dans la grande tradition de L’Assiette au beurre ( journal de caricatures du dix-neuvième siècle ), etc.

L’Œil Électrique : En 1965, vous dessiniez également pour la revue du mouvement anarchiste Provo. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Willem : Oui, 65, 66, 67… C’était enfin un peu d’air dans les Pays-Bas ! C’était un pays plus ou moins endormi et là, il y avait enfin des gens qui ravivaient le mouvement anarchiste avec d’autres éléments : la folie, les happenings, la contestation, par exemple de l’industrie polluante… On n’avait jamais entendu parler de ça en ce temps-là !____________________________________________________
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